Winnicott s’est intéressé à l’interaction entre un bébé qui vient de naître et son entourage. L’enfant, à la naissance est une personne inachevée, démunie face aux dangers de la vie. Il est incapable de distinguer ce qui est lui-même de ce qui ne l’est pas, de distinguer un intérieur et un extérieur, soit un moi d’un non-moi.

Winnicott considère que le besoin interne ressenti par l’enfant lui fait créer un « objet subjectif » et ce, de façon hallucinatoire. Cet objet créé est capable de lui apporter de la satisfaction. Lorsque la mère, ou le substitut maternel, présente un objet (le sein, le biberon) au moment où le bébé le crée de façon hallucinatoire, elle participe à renforcer chez le bébé, une zone d’illusion psychique. Il a le sentiment d’avoir créé lui-même l’objet de façon omnipotente. C’est une omnipotence illusoire puisque c’est la mère qui a présenté l’objet à l’enfant. Cette zone d’illusion est le modèle, le prototype, des phénomènes transitionnels.

Au cours de cette expérience de création, le bébé a l’illusion active de créer le monde autour de lui. « Cette activité mentale transforme un environnement suffisamment bon en un environnement parfait ». Selon Winnicott, cette activité permet à la psyché de l’enfant de résider dans son corps et parvenir ainsi à l’unité entre son corps et son psychisme. Puis, progressivement, l’entourage du bébé ne répond plus de façon si adéquate et face aux petites défaillances de son environnement, le bébé s’adapte en remplaçant l’illusion par une aire intermédiaire, c’est l’aire transitionnelle, dont le représentant le plus caractéristique est l’objet transitionnel (le doudou, la peluche, le morceau de chiffon, le pouce, etc.).

Cet objet n'est ni interne ni externe pour le bébé. Il fait partie de la réalité mais au début l'enfant l'intègre psychiquement dans son monde d'illusion et d'omnipotence. L'enfant y projète sa toute-puissance et son monde fantasmatique. Il est pour lui le sein ou l'objet psychique de la première relation lorsqu'il ne percevait pas encore le monde comme ne faisant pas partie de lui-même. 

Winnicott estime que le rôle tenu par l’environnement est essentiel pour le développement de cette capacité de création de l’objet par le bébé. Plus tard, au cours du jeu, l’enfant poursuivra son expérimentation de cet espace d’illusion et d’omnipotence. La capacité de création de l'objet par le bébé lui permet de se sentir réel et c'est en cela que cette expérience est fondamentale dans la vie de l'enfant. 

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Photo Christian Coigny 

Sylvie Theis, Psychologue clinicienne, 21 rue de la Comédie, 82000 Montauban. Contactez-moi au 07 77 22 40 73.